Un nouveau scandale, un de plus dans le monde du dressage . Tout le monde est horrifié de constater qu'une championne olympique est capable de fouetter 24x en 1mn avec une chambrière un cheval monté par une élève. Après un entraîneur américain qui cravache un cheval pour le faire piaffer, un autre qui utilise des éperons électriques etc etc.
Le cavaliers sont choqués .
Comment est-il possible qu'à ce niveau de savoir faire on recourt à des procédés aussi barbares ?
C'est oublier un peu vite ce qu'est un bon cavalier et quelle est sa formation.
Galop 1-2 poney : « « talonne , plus fort , cravache, mais vas-y, bon sang, il avance pas là !
Quoi, t'as peur d'utiliser ta cravache ? Là ! » La chambrière du moniteur claque. « Maintenant il avance ! »
Et si la gamine se retrouve par terre et bien tant pis pour elle elle n'avait qu'à s'accrocher.
Là a lieu un premier tri, celles qui acceptent la violence inhérente à l'équitation, qui acceptent d'utiliser les outils qui transmettent cette violence et le reste , les autres qui... aiment les poneys et ne veulent pas les taper, ne comprennent pas cette violence exigée et subie et ne veulent pas faire partie de ce monde.
Ceci se traduit par des taux d'abandons qui étonnent les officiels de la FFE qui ne comprennent pas et qui vont mettre en place des « politiques anti abandon » avec la création de nouvelles disciplines équifeel équi fun, tandem ect. Mais les principes de formation restent strictement les mêmes violences verbales, physiques, psychologiques, pour les gamines et les chevaux. Les parents jouent le jeux et vont même jusqu'à acheter des cravaches en forme de baguettes magiques roses pour leur chère petite cavalière.
Galop 3-4 le tri est fait celles qui restent ne veulent plus qu'une chose : devenir une bonne cavalière.
Mais qu'est ce qu'un bon cavalier ?
Un bon cavalier tient à cheval, un bon cavalier fait faire des trucs compliqués à son cheval, comme croiser les pattes ou sauter 1,20m ou même fait piaffer son cheval ou encore sauter des fromages de 1,60m ect ect.
Mais surtout un bon cavalier sait monter des chevaux difficiles, il sait faire faire ce qu'il veut à son cheval, même si celui-ci n'est pas d'accord et surtout si celui-ci n'est pas d'accord.
Parce qu'avant tout un bon cavalier est un cavalier qui sait se faire obéir et qui n'a pas peur d'utiliser les « bons moyens » pour se faire obéir.
Pourquoi un cheval ne voudrait-il pas être monté ? Parce ce qu'il a mal, parce qu'il a peur, parce qu'il a appris à se défendre. Bien que les 3 causes soient toutes les 3 de la responsabilité du cavalier ce dernier ne retient que la dernière et utilisera les outils à sa disposition pour faire passer au cheval l'envie de se défendre. Le terme même « se défendre » ou « les défenses » n'est pourtant pas innocent, on n'éprouve le besoin de se défendre que si on est attaqué, n'est-ce pas ? Si ces termes font partie du vocabulaire équestre cela veut dire que les cavaliers savent pertinemment ce qu'ils font et que l'équitation est une attaque contre le cheval.
Revenons-en à notre petite cavalière elle apprendra à monter des chevaux stressés, pardon chauds, en étant elle même stressée, par le cheval, par le moniteur, par les parents par tout le système car c'est bien comme cela qu'on forme des cavaliers en les stressant bien, comme cela on éteint les derniers éclairs d'empathie pour le cheval. Et un cheval qui a peur, qui a mal, devient juste un cheval "con" qu'il faut mater.
Elle apprendra à se servir des outils de plus en plus raffinés, après la cravache et les coups de talon viennent les enrênements, le stick et les éperons et la bride . Plus elle monte en grade plus les outils deviennent douloureux pour le cheval mais elle sera bercée par des mantras comme « c'est pas l'outil c'est la main » ,« la bride et les éperons sont des outils de précision qui servent à affiner les demandes » et plus les violences faites au cheval deviennent normales.
Ces violences sont acceptées et notre jeune cavalière va devenir excellente dans le maniement de 4 rênes pour coller un bon coup de sonnette discret au bon moment. On lui fait croire qu'elle sera une experte lorsqu'on ne la verra plus agir, cela veut dire qu'elle sera capable de donner ce bon coup dans les dents et d'empêcher le cheval d'y réagir de façon visible. Mais tout cela prend du temps, de la pratique, de l'expérience, alors quand ce « con » de cheval ne veut pas obéir, la violence monte, escalade, atteint des sommets car dans la culture équestre actuelle qui est celle qui perdure depuis 4200 ans, on en est toujours à l'homme contre bête, vaincre l'animal cheval c'est vaincre la bête en soi, encore une ânerie (pardon mes amis les ânes, une connerie) humaine qui justifie toute la violence faites aux animaux.
Donc faut-il vraiment s'étonner que les meilleurs cavaliers mondiaux soient aussi parmi les plus violents ? Cette violence est jouissive car exercer le pouvoir et le contrôle sur un être est jouissif et de plus faire céder un animal par la force est admiré dans le monde du cheval. C'est gagnant / gagnant, récompense intrinsèque et extrinsèque, automatique et sociale. C'est ce plaisir d'exercer la violence qui rend méprisable toute méthode qui n'est pas violente aux yeux de ceux qui exercent la violence.
La violence, la maltraitance du cheval est inhérente à l'équitation.
Ce système est en place depuis la nuit des temps. C'est pourquoi les auteurs passés depuis Xénophon s’évertuent à dire qu'il faut être doux et patient avec les chevaux. Évidemment vus les outils qu'ils utilisaient c'était difficile mais les cavaliers ont toujours été les champions de la dissonance cognitive.
Ceux qui sont pris en flagrant délit de violence sont sanctionnés sur le moment et lâchés par leur pairs qui ont les mêmes pratiques mais quelques mois plus tard ils seront repartis en compétition et tout sera oublié.
Le problème c'est que tous ces cavaliers violents ne savent pas faire autrement, ils sont coincés. Certains gagnent des fortunes à maltraiter des chevaux, (Helgstrand) les empêcher de fonctionner par la violence revient non seulement à les priver de leur plaisir mais aussi de leur gagne pain. Il est donc logique qu'ils luttent de façon si ridicule (mensonges , hypocrisie, accusation d'extrémisme ect) pour continuer à faire qu'ils ont toujours fait. Leur seule défense reste : « il faut expliquer aux gens ce qu'on fait, parce qu'il ne comprennent pas, parce qu'ils ne savent pas que les chevaux sont dangereux et qu'on aime nos chevaux et bla et bla... ».
Il existe d'autres moyens d'éduquer des chevaux, des moyens qui ne nécessitent ni cravache , ni chambrière, ni fouet, ni éperons ni mors double ou simple. Il serait temps de regarder ce qui se fait ailleurs.
Mais la vraie question est faut-il réellement mettre les chevaux dans des environnements aussi stressants que les compétitions sportives ? Faut-il vraiment leur apprendre à tolérer des situations qui vont à l'encontre de leur besoins fondamentaux et de leur éthogramme ? Faut-il vraiment les monter ?
Comments